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Le Chalmette faisait route vers la Floride. Les appels radio étaient incessants et les Coréens de plus en plus débordés. Ils finirent par ne plus répondre, se bornant à communiquer la liste des rescapés qu’ils avaient recueillis. Les questions des journalistes concernant le naufrage du Leonid Andreïev furent systématiquement écartées.

Parents et amis des passagers, dévorés d’angoisse, se pressaient dans les bureaux de la compagnie maritime russe. A travers tout le pays, les drapeaux étaient mis en berne. La tragédie était au centre de toutes les conversations. Les journaux et les chaînes de télévision abandonnèrent momentanément leur préoccupation principale, à savoir la fermeture du Congrès par le Président, pour consacrer des éditions spéciales à la catastrophe.

Des avions sanitaires ramenèrent les blessés transportables dans des hôpitaux proches de leur domicile. Ce furent les premiers témoins du drame à être interrogés et ils mirent l’explosion sur le compte tant de mines flottantes datant de la Seconde Guerre mondiale que d’un cargo soviétique chargé d’armes et de munitions destinées à l’Amérique centrale.

Les missions diplomatiques russes aux Etats-Unis réagirent vivement, accusant l’U.S. Navy d’avoir coulé le Leonid Andreïev avec un missile, version qui fut généralement admise par les pays du bloc de l’Est et considérée partout ailleurs comme pure propagande.

On n’avait pas assisté à une telle émotion depuis le naufrage de l’Andrea Doria en 1956. Le silence du Chalmette provoquait la fureur des journalistes et correspondants de presse. On se précipita sur tous les bateaux, avions et hélicoptères disponibles pour aller à la rencontre du navire. Alimentées par le mutisme du cargo coréen, les spéculations allaient bon train. Tous les hommes politiques qu’on parvenait à joindre réclamaient une commission d’enquête.

Le Chalmette s’obstina dans son attitude. Lorsqu’il apparut enfin dans le chenal du port de Miami, il fut accueilli par une nuée d’embarcations de toutes sortes. Les journalistes hurlaient leurs questions dans des porte-voix, mais, à leur grande frustration, les marins coréens se contentaient de répondre dans leur langue en agitant amicalement la main.

Le Chalmette approcha du quai où s’entassait une foule de plusieurs milliers de personnes contenue par un cordon de police. Des centaines de caméras filmaient la scène tandis que l’énorme porte-conteneurs s’amarrait, que les passerelles étaient mises en place et que les rescapés de la catastrophe, massés contre le bastingage, contemplaient avec stupéfaction la scène qui s’offrait à leurs yeux.

Certains paraissaient déborder de joie en revoyant la terre ferme alors que d’autres pleuraient les maris, les épouses ou les enfants qu’ils avaient perdus. Un silence presque irréel s’abattit soudain sur les spectateurs, silence qu’un commentateur devait plus tard comparer à « celui qui se produit quand on descend le cercueil dans la fosse ».

Des agents du F.B.I. portant l’uniforme des officiers de l’immigration et des inspecteurs des douanes, se précipitèrent à bord du Chalmette, vérifiant les identités des passagers et membres d’équipage survivants du paquebot soviétique, les interrogeant à propos de Loren Smith et fouillant le bateau de fond en comble.

Al Giordino questionna les gens qui étaient avec lui dans le canot de sauvetage. Aucun d’eux ne se souvenait de ce qui avait pu arriver à Loren ou au steward asiatique après leur arrivée sur le Chalmette. Une femme croyait bien les avoir vus s’éloigner ensemble en compagnie du capitaine du cargo, mais elle n’en était pas sûre. La plupart de ceux qui avaient échappé de peu à la mort avaient presque tout oublié.

Le capitaine et son équipage prétendirent tout ignorer. Des photos de Loren n’éveillèrent en eux aucun souvenir. Des interprètes les interrogèrent en coréen, mais les réponses furent les mêmes. Ils ne l’avaient jamais vue. Six heures de recherches intensives ne donnèrent rien. Les journalistes furent enfin autorisés à monter à bord. Les marins du Chalmette furent traités en héros, la Bougainville Maritime et ses employés considérés comme le symbole du courage pour avoir bravé une mer en feu et sauvé quatre cents personnes.

Il faisait nuit et il pleuvait quand Giordino se dirigea d’une démarche lasse vers le bureau des douanes au bout du quai. Il entra. La pièce était déserte et il s’assit, demeurant un long moment immobile, le regard fixé droit devant lui.

Il se tourna enfin vers le téléphone, le considérant comme s’il s’agissait d’un ennemi. Il puisa un peu de courage en buvant une gorgée de brandy d’une fiasque qu’il tira de sa poche et en allumant un cigare qu’il avait fauché à l’amiral Sandecker, puis il fit un numéro et laissa la sonnerie retentir, espérant presque que personne ne répondrait. On décrocha.

Giordino se passa la langue sur les lèvres et, la gorge serrée, murmura :

« Pardonne-moi, Dirk, nous sommes arrivés trop tard. Nous ne l’avons pas trouvée. »

 

L’hélicoptère, tous feux allumés, se posa sur le toit du World Trade Center dans le bas de Manhattan. Lee Tong en descendit et, sans perdre un instant, se dirigea vers une porte protégée par un garde, puis il prit un ascenseur conduisant aux appartements de sa grand-mère.

Il se pencha et l’embrassa légèrement sur le front.

« La journée s’est bien passée, ômoni ?

— Non, répondit-elle avec lassitude. Un vrai désastre. Quelqu’un sabote nos comptes bancaires, nos transactions et toutes nos affaires qui sont sur ordinateur. Notre gestion si efficace est devenue une véritable pagaille. »

Le regard de Lee Tong se durcit.

« Qui peut faire cela ?

— Toutes les pistes mènent à la N.U.M.A.

— Dirk Pitt ?

— Oui. C’est le suspect numéro un.

— Plus maintenant, la rassura-t-il. Pitt est mort. »

La vieille femme leva la tête :

« Tu en es sûr ?

— Oui. Pitt était à bord du Leonid Andreïev. Un coup de chance. Je l’ai vu mourir de mes yeux.

— Ta mission dans les Caraïbes n’est pas un succès total. Moran est vivant.

— Peut-être, mais nous sommes débarrassés de Pitt et le naufrage du Leonid Andreïev compense la perte du Venice et de l’or. »

Min Koryo, furieuse, se tourna vers lui :

« Cette ordure d’Antonov nous a volé un milliard de dollars en or, nous coûte un bon bateau et un équipage et tu es content de toi ! »

Lee Tong n’avait jamais vu sa grand-mère dans une telle rage.

« Non, ômoni, mais nous ne pouvons guère nous permettre de déclarer la guerre à l’Union soviétique. »

Elle se pencha en avant, les mains crispées sur les bras de son fauteuil roulant :

« Les Russes ne savent pas encore ce que c’est que la menace terroriste. Je veux que tu organises des attentats à la bombe contre tous les bâtiments de leur flotte marchande, surtout leurs pétroliers. »

Lee Tong lui entoura les épaules comme pour la protéger.

« Voyons, ômoni, œil pour œil, dent pour dent, cela peut certes satisfaire l’esprit vindicatif, mais pas contribuer à la richesse. Ne te laisse pas aveugler par ton désir de vengeance.

— Qu’est-ce que tu crois ? répliqua-t-elle sèchement. Antonov tient le Président des Etats-Unis ainsi que l’or que sa marine n’aura aucun mal à renflouer. Nous avons laissé Lugovoy et son équipe partir avec le Président. Des années de préparatifs et des millions de dollars gaspillés. Tout ça pour rien !

— Nous avons encore des atouts. Le vice-président Margolin est entre nos mains. Sans parler d’un otage inattendu, Loren Smith, la représentante au Congrès.

— Tu l’as enlevée ? s’étonna la vieille femme.

— Elle aussi se trouvait à bord du paquebot. Après le naufrage, je me suis débrouillé pour la faire transférer par hélicoptère du Chalmette au laboratoire, où elle est à présent enfermée en compagnie de Margolin.

— Elle pourra nous servir, admit Min Koryo.

— Ne te décourage pas, ômoni. Nous sommes encore dans la course. Antonov et Polevoï, son âme damnée du K.G.B. ont sous-estime l’attachement pathologique que portent les Américains aux libertés individuelles. C’est une erreur monumentale d’avoir poussé le Président à museler le Congrès pour accroître ses pouvoirs. Il va être destitué et chassé de Washington dans la semaine qui vient.

— Pas tant qu’il bénéficiera du soutien du Pentagone. »

Lee Tong inséra une cigarette dans un long fume-cigarette en argent.

« Les chefs d’état-major doivent ménager leurs arrières. Ils ne pourront pas s’opposer très longtemps à ce que le Congrès se réunisse. Dès que l’impeachment aura été voté, les généraux et les amiraux se rangeront du côté du nouveau chef de l’exécutif.

— Qui sera Alan Moran, ajouta Min Koryo avec une moue méprisante.

— A moins que nous ne relâchions Vincent Margolin.

— Et creusions ainsi notre propre tombe ? Nous ferions mieux de le faire disparaître à jamais ou de nous arranger pour qu’on retrouve son cadavre dans le Potomac.

— Ecoute, ômoni, fit Lee Tong avec une lueur rusée dans ses yeux noirs. Nous avons deux solutions. D’abord, le laboratoire est en parfait état de fonctionnement et les données de Lugovoy figurent toujours dans les mémoires de l’ordinateur. Nous pouvons donc sans aucun problème reprendre ses techniques de contrôle mental à notre profit. Il nous suffit d’engager les spécialistes nécessaires pour programmer le cerveau de Margolin et, cette fois, ce ne seront plus les Russes qui contrôleront la Maison Blanche mais la Bougainville Maritime.

— Oui, mais si Moran prête serment avant que l’opération de transfert soit terminée, Margolin ne nous sera plus d’aucune utilité.

— Deuxième possibilité, reprit Lee Tong. Nous pouvons passer un marché avec Moran afin d’éliminer Margolin pour lui ouvrir les portes de la Maison Blanche.

— Il est corruptible ?

— Moran est un habile escroc. Son ascension politique repose sur des transactions financières plus que douteuses. Crois-moi, ômoni, Alan Moran fera n’importe quoi pour devenir Président. »

Min Koryo considéra son petit-fils avec respect. Il raisonnait si bien dans l’abstrait. Elle eut un petit sourire. Rien n’excitait plus son tempérament de femme d’affaires que de renverser une situation donnée comme perdue.

« Tu as carte blanche, dit-elle.

— Je suis content que tu sois de mon avis.

— Il faut que tu déplaces le laboratoire pour le mettre dans un endroit plus sûr, déclara-t-elle en réfléchissant. Du moins tant que nous ne saurons pas exactement où nous en sommes. Les enquêteurs du F.B.I. ne tarderont pas à réunir les morceaux du puzzle et à concentrer leurs recherches sur le littoral.

— C’est ce que j’ai pensé, fit Lee Tong. Et j’ai pris la liberté d’ordonner à l’un de nos remorqueurs de le faire sortir de Caroline du Sud pour le diriger vers nos docks privés.

— Tu as bien fait, approuva Min Koryo.

— J’ai songé surtout à l’aspect pratique.

— Qu’allons-nous faire de cette Loren Smith ? demanda la vieille femme.

— Si elle parle à la presse, elle pourrait soulever des questions embarrassantes à propos de la présence de Moran sur le Leonid Andreïev. Il serait sage d’acheter son silence.

— Effectivement. Moran s’est mis dans une situation délicate par ses mensonges.

— Nous pouvons aussi la soumettre au contrôle mental avant de la renvoyer à Washington. Un représentant du Congrès à notre solde pourrait constituer un atout de choix.

— Et si Moran inclut sa disparition dans le marché ?

— Dans ce cas, nous coulons le labo avec Margolin et Loren Smith par 100 mètres de fond. »

Pendant que Lee Tong et Min Koryo s’entretenaient ainsi sans rien soupçonner, leur conversation était retransmise vers le toit d’un immeuble voisin pour être ensuite relayée par signaux radio à un magnétophone installé dans un bureau vide et poussiéreux situé à plusieurs blocs de là sur Hudson Street.

Le bâtiment de brique, datant du début du siècle, était promis à la démolition. Les rares locataires occupaient leurs loisirs à la recherche d’un nouveau logement.

Sal Casio avait le dixième étage pour lui tout seul. Il avait choisi cet endroit parce que, d’une part, le gardien ne se préoccupait jamais d’y monter et que, d’autre part, la fenêtre donnait directement sur le second récepteur. Un lit de camp, un sac de couchage et un petit réchaud électrique, c’était tout ce qu’il lui fallait. En dehors du magnétophone, il n’y avait d’autre qu’un vieux fauteuil délabré qu’il avait récupéré sur le trottoir.

Il ouvrit la porte à l’aide de son passe et entra, portant un sac avec un sandwich et trois bouteilles de bière. L’atmosphère de la pièce était étouffante, Il souleva la fenêtre et contempla les lumières qui se reflétaient dans les eaux du fleuve.

Casio accomplissait ce travail de surveillance de façon automatique, prenant plaisir à cette solitude qui permettait à son esprit de vagabonder. Il se rappelait les jours heureux de son mariage, les années passées à regarder grandir sa fille. Son cœur se serra. Sa longue quête s’achevait et il ne lui restait plus qu’à écrire l’épilogue, détruire l’empire des Bougainville.

Il mordit dans son sandwich et examina le magnétophone, constatant que la bande à déclenchement automatique avait avancé durant les quelques minutes où il s’était absenté, Il décida d’attendre jusqu’au lendemain pour écouter l’enregistrement, ne tenant pas à ce qu’il s’efface au cas où des voix réactiveraient l’appareil pendant qu’il le repasserait.

Bien entendu, rien ne pouvait lui permettre de deviner l’importance de l’entretien qui avait eu lieu entre Min Koryo et son petit-fils. Le temps perdu devait coûter extrêmement cher.

 

« Pourrais-je vous parler un instant, général ? »

Metcalf avait terminé sa journée et il s’apprêtait à refermer sa serviette, Il ne put dissimuler un mouvement d’impatience en reconnaissant Alan Mercier qui se tenait sur le seuil de son bureau.

« Naturellement. Entrez et asseyez-vous. »

Le conseiller pour les affaires de sécurité s’avança mais resta debout.

« Je vous apporte des informations qui ne vont pas vous faire plaisir.

— Décidément, les mauvaises nouvelles s’accumulent aujourd’hui, soupira le général. De quoi s’agit-il ? »

Mercier lui tendit un dossier renfermant plusieurs feuillets dactylographiés et déclara d’une voix étouffée :

« Les ordres du Président. Toutes les forces américaines doivent quitter l’Europe avant Noël, Il vous donne vingt jours pour établir le calendrier de notre retrait total de l’O.T.A.N. »

Metcalf s’effondra dans son fauteuil comme s’il avait été frappé au visage.

« Ce n’est pas possible ! balbutia-t-il. Le Président ne peut pas demander ça !

— J’ai été aussi choqué que vous quand il me l’a annoncé, fit Mercier. Oates et moi avons essayé de le raisonner, mais en pure perte. Il exige que tout soit rapatrié, Pershing, missiles de croisière, absolument tout. »

Le général était abasourdi.

« Et nos alliés occidentaux ? »

Mercier fit un geste d’impuissance :

« Il prétend que l’Europe n’a qu’à balayer devant sa porte. Une attitude qu’il n’avait encore jamais adoptée.

— Mais enfin, bon Dieu ! s’écria Metcalf avec une soudaine véhémence, Il livre tout le continent aux Russes sur un plateau d’argent !

— Ce n’est pas moi qui vous contredirai.

— Je ne peux pas accepter ça !

— Que comptez-vous faire ?

— Je vais de ce pas à la Maison Blanche offrir ma démission, répondit le général.

— Avant de prendre votre décision, j’aimerais que vous ayez un entretien avec Sam Emmett.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il y a des choses que vous devez savoir, murmura, Mercier. Et Sam est mieux placé que moi pour vous en parler. »

 

Panique à la Maison-Blanche
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